Avoir Lieu / Inspirations

Initiatives inspirantes collectées au fil de l’eau, classées selon nos 2 axes de recherche et d’expérimentation :

AXE 1 / PRÉSENTIEL COVID-COMPATIBLE

AXE 2 / DISTANCIEL OU HYBRIDE

Ces quelques initiatives repérées sont extraites d’une collecte en cours de réalisation, constituée aujourd’hui d’une cinquantaine de propositions, à laquelle vous pouvez participer en nous contactant.

Notre objectif à long terme est de mettre en place une plateforme permettant de naviguer entre les propositions rassemblées lors notre collecte, classées en fonction de nos deux axes de recherche et des canaux communicationnels qui leur sont liés.

Vitrine, performance pour une vitrine et ses passants, Anne-Laure Pigache et Anne-Julie Rollet, Les Harmoniques du Néon (France)

Sur le site web d’Anne-Laure Pigache

Les propositions de performance, spectacle vivant, exposition… en vitrine… se sont multipliées lorsque les lieux de culture ont été fermés. Leur aspect covid-compatible dépend du lieu de circulation du public (en extérieur ou dans des lieux très aérés), aménagée pour limiter le nombre de passants ou éviter les attroupements, comme avec cette déambulation par petits groupes devant sept vitrines différentes pour 7 Deadly Sins, spectacle conçu et mis en scène par Michel Hausmann avec les moyens importants du Miami New Drama.

En juin dernier, nous avons pu découvrir une proposition plus singulière, inversant les rôles habituels puisque c’est le public (en micro-jauge) qui est installé en vitrine, assis face à la rue. Celle-ci est soudainement peuplée de figurants et de personnages poétiques grâce à la présence, à la voix, et aux sons d’Anne-Laure Pigache et Anne-Julie Rollet. Notre regard de spectateur est ainsi guidé dans le paysage urbain qui nous fait face. Le public est tour à tour mis en exposition pour les passants ou bien témoin de ce qui ressemble à un micro-trottoir diffusé en direct, ou encore à la version théâtralisée d’une caméra cachée.

Une performance visuelle et sonore, onirique et drôle, qui s’inscrit à la croisée des arts, avec notamment un clin d’œil réussi à la démarche cinématographique de John Smith pour The Girl Chewing Gum en 1976.

Tantôt, demain peut-être, pièce radiophonique interactive pour un spectateur, Marie Ayotte, Théâtre Déchaînés (Canada)

Sur le site web du Théâtre Déchaînés

Le théâtre par téléphone est souvent résumé à une simple lecture de texte. Il existe pourtant de multiples possibilités différentes et nous avons vu émerger des propositions artistiques très variées, interactives ou non, pour un ou même plusieurs auditeurs en même temps (notamment via les conférences téléphoniques).

Pour Tantôt, demain peut-être, Marie Ayotte a écrit la trame d’une conversation au cours de laquelle une comédienne (pour nous, c’était Émilie Gilbert depuis Montréal) s’adresse à nous comme à un personnage fictif. Nous en découvrons petit à petit l’identité de « notre » personnage et le lien intime qui l’unit à l’interlocutrice. Il y a une vraie part d’improvisation et le texte de la comédienne, dont des passages entiers sont cependant écrits, est transmis au fil de l’eau, sans qu’il soit évident de savoir ce qui est écrit à l’avance et ce qui ne l’est pas. Le thème, le refus de maternité, met d’emblée en place une atmosphère très intime puisque cette mère se confie à nous pour partager son expérience douloureuse. C’est véritablement immersif dans le sens où nos contributions sont appelées à alimenter la fiction et intégrées ainsi tout au long de la discussion qui dure environ une heure, voire plus (c’est selon votre loquacité).

Cette forme soulève de nombreuses questions quant à la gestion de la relation avec l’auditeur ou l’auditrice unique, à l’accueil de ses éventuelles confidences intimes en retour, à la gestion de l’échange pour suivre le texte écrit, etc. Cela engage non seulement des formes spécifiques d’écriture mais aussi de jeu pour les interprètes. Une expérience téléphonique très singulière.

#txtshow (on the Internet), performance participative via l’application Zoom, Brian Feldman (États-Unis)

Sur la page FB de Brian Feldman

L’application Zoom est une grande gagnante de la crise sanitaire, popularisée de manière fulgurante, utilisée aussi bien pour les réunions professionnelles en visioconférence que pour les « apéros Zoom » entre amis. Des artistes ont aussi proposé des pièces pour cette application, faisant des usages très différents des différentes fonctionnalités (interaction plus ou moins poussée, salles parallèles, espace de discussion, etc.).

Des formes comme Là tu me vois de Guillermo Pisani (dont cet entretien avec Marion Boudier présente bien la démarche) et les « escape théâtre » d’Isabelle Starkier engagent le public et les interprètes de manières très différentes.

Dans un autre registre, qui tient plus de la performance, la proposition de Brian Feldman implique de manière radicale et le public et l’interprète : dans #txtshow (on the Internet), l’artiste s’engage à prononcer à voix haute tout texte envoyé à lui de manière anonyme via l’espace de discussion Zoom. Créée en salle en 2009 sur le même principe, avec des comptes Twitter pour le public (Twitter a ensuite coupé les multiples comptes anonymisés par Brian Feldman pour non respect des CGV), la forme a ressurgi en ligne quelques années plus tard et via Zoom lors de la crise sanitaire.

Lorsque nous y avons participé grâce à UXmmersive, nous avons pu constater la jubilation partagée des membres du public, le jeu avec la limite de ce qui est dicible ou non dans un espace public, même si virtuel. La présence des visages des spectateurs et spectatrices à l’écran sur le même plan que le performeur, l’impression d’être un employé d’une société de surveillance vidéo, la vision de sa propre image dans le temps de la réception d’une proposition artistique… Nombreux sont les enjeux dramaturgiques créés par une telle application !